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REACTIONS 4
30/05/2008 21:44
Citation : Superbe film à ne pas mettre devant toutes les rétines. Extrêmement noir et c'est un euphémisme. Le public va adorer ou abhorrer. Le film va très vite, aucuns temps mort. Un grand huit cauchemardesque. Difficile de trouver des équivalences, rien avoir avec les Slasher, films gore (bien que Martyrs soit d'une violence inouïe) et autres tentatives bis récentes. Les aficionados de l'action brutale seront servis (carpaccio à volonté), les autres, pour peu qu'ils encaissent la première partie devraient être bouleversé par la seconde moitié du film. Les incultes n'y verront que violence gratuite et sujet douteux, les concernés seront ému par cette Love Story ultime et poignante. De toutes façons le film trouvera son public de Hardcore Fans dans le monde entier pour peu qu'il échappe à la censure (la bête n'est pas morte). Comme dirait un responsable marketing : "Un film coups de poing !".
Citation : Au cours d'une projection privée, j'ai vu "martyrs" qui n'est pas encore fini. C'est difficile de décrire le choc que j'ai subi. C'est le meilleur film de toute la vague récente de films d'horreur: dur, violent, gore et radical mais aussi incroyablement émouvant, triste!! Je ne veux pas dévoiler l'intrigue, mais le film bascule dans la dernière demi-heure vers quelque chose qui l'emmène dans des contrées quasi "kubrickienne". Je suis sorti sur le cul, les larmes aux yeux, tremblant comme une feuille et je suis encore sous le choc deux jours après la projo. J'avais des réserves sur "Saint-ange" mais "martyrs" est a des années lumières, différent à tout point de vue: C'est un film abouti, totalement organique, violent, rapide et habité sans le côté froid et posé de "Saint-Ange". Les deux actrices sont incroyables (enfin un film de genre bien joué!!!) et le montage est excellent!! (je crois que c'est le même monteur que "Saint-ange", sébastien prangeare)
Citation : le film est violent graphiquement, mais plus les images sont violentes plus le film a un ton triste. Je l'ai aussi vu et je confirme tous les avis ci-dessus : c'est un très grand film, de loin LE MEILLEUR dans le genre "horreur" depuis TRES longtemps.
C'est fin, intelligent, bouleversant. Oui on peut sortir en chialant. Et si on pleure pas, on sait pas quoi dire pendant au moins 20mns voire 1 heure...
Citation : Oubliez tous les autres films de genre français, vous m'entendez bien TOUS. Martyrs est le premier grand film de genre réalisé en france, une bombe atomique, un film qui a un impact nucléaire. Si le festival de Cannes refuse de montrer ce film, il faudra alors supprimer le festival de Cannes et en finir avec l'hypocrisie française. Martyrs est un chef d'oeuvre crépusculaire, noir, violent, sadique, fort, un film qui vous prend aux tripes et ne vous lache plus des heures après la projection, un film qui va faire l'effet d'une bombe, et va déchainer les bien pensants qui vont lui attribuer tous les maux dont ils sont les premiers coupables, le plus grand film de genre européen depuis SUSPIRIA ou ZOMBIE ou THE BEYOND. Pascal Laugier a réussi un coup de maitre, dans le marasme actuel, le tas puant de fumier qu'est le cinéma français, ce film brille de milles feux. C'est un diamant dans la poubelle
Citation : Le cinéma d'horreur actuel n'a plus d'âme. Il s'enlise d'année en année vers autre chose que de l'horreur. Le terme à tendance à être employé n'importe comment dans le seul intérêt de remplir les poches des producteurs. Le contenu n'a d'égal que le néant ou d'idées « déjà vues ». Il est donc difficile aujourd'hui de dire qu'un film d'horreur impressionne. Rares sont tout du moins les bonnes occasions. Et quand ces dernières se présentent, on les ampute, on les revisite aux États Unis, ou on les censure. Cette notion de censure à une importance prépondérante dans notre société. Souvent décrit comme le mal, le film d'horreur connaît encore dans notre pays, la France, une répulsion.
Il est intéressant de notifier que malgré tout une vague de productions horrifiques issue de la francophonie s'expérimente et tente d'atomiser l'impasse dans laquelle depuis presque 30 ans le cinéma de genre s'est endormit. Employer le cinéma d'horreur contre notre réalité sociale et le monde en général. Prêcher l'état de la société au travers du mal-être ambiant. Le second film de Pascal Laugier, "MARTYRS", n'est pas moins qu'une excellente réflexion sur l'avenir du cinéma de genre global et se permet même de targuer la conscience morale face à la violence.
Choquant et bouleversant, "MARTYRS" fait ressentir toutes les émotions de l'homme au travers de son histoire. Un conte noir extrêmement pessimiste vécu comme un appel à l'aide. Un cri de guerre contre la société actuelle. Un hypercut qui nous foudroie à l'issue. On en sort limite lapidé tant la monstruosité du récit est forte en dommages. Mais comment peut-on arriver à ça ? On ne pourra pas dire qu'en tant que fans de genre, nous attendions de connaître un jour un renouveau en matière de film d'horreur. À chaque fois, on s'éprend, et très souvent le résultat attendu n'est jamais à la hauteur de nos simples espérances.
Le voilà le renouveau. Incarné en "MARTYRS" et il surprend. Rare la cruauté n'aura été ainsi contée. Pascal Laugier s'est incroyablement lâché. Ce cinéaste n'est autre qu'un grand barjot doué. Loin est l'époque de la "SAINT ANGE". Le diabolique "MARTYRS" nous pétrifie. Crampés au fauteuil, nous sommes tous passéistes face à l'horrifiante fiction transgressive qui nous gobe en moins d'un petit quart d'heure, le temps de présenter ses deux personnages.
Lucie est une petite fille qui vient d'être hospitalisée dans un service pédiatrique, elle a été séquestrée et battue par des hommes, la police tente d'ailleurs de les retrouver mais toutes les pistes les mènent vers des culs de sac. Lucie est une petite traumatisée, elle est agressive et sauvage. A son arrivée à la clinique, elle rencontre une fillette prénommée Anna, victime d'abus sexuels par ses proches. Très vite, elles deviennent inséparables. Les années passent, une famille déjeune dans leur maison isolée en pleine forêt. Une jeune femme frappe à la porte. C'est Lucie. Le père de famille ouvre. La jeune femme lève la tête et lui dit « vous vous rappelez de la petite fille que j'étais ? », armée d'un fusil, elle shoote l'homme qui s'écroule au sol avant de refermer la porte et de descendre la mère et leurs deux enfants. Quelques minutes plus tard, Lucie, au milieu de ce bain de sang, téléphone à son amie Anna. Cette dernière lui ordonne de rester là et de ne plus rien faire. En panique, Lucie raccroche avant même d'entendre les derniers mots d'Anna. La jeune femme est en effet de plus en plus paniquée. Elle l'entend à nouveau. Elle entend derrière son épaule cette terrifiante respiration qui hantait ses nuits dans le noir gamine...
Perturbant. Lorsque le murmure se fait ressentir pour la seconde fois nous sommes nous aussi pris au piège de ce terrifiant cauchemar. Tout est alors inattendu. Inutile pour vous autres de n'essayer rien qu'un peu d'imaginer la démence contée. Pascal Laugier nous assomme au moins 3 fois au cours du film. "MARTYRS" bascule de genre en genre, le spectateur est ainsi désorienté, laissé seul sur ses rotules tant ce qui lui est présenté est tellement proche de sa réalité et en même temps inexplicable. Chaque coup est brutal. Chaque retournement est renversant. La violence dans "MARTYRS" est inouïe mais jamais gratuite. Une violence qui n'est pas pour autant exagérée ou explicite. Pascal Laugier a su doser les frayeurs et les effets chocs pour ne jamais plomber son film. "MARTYRS" est un film jusqu'auboutiste. Un film d'horreur totalement assumé et malsain. De l'horreur humaine à la boucherie sans vergogne, de la folie tragique au fantastique, de l'épouvante au drame social, "MARTYRS" foudroie de terreur le simple spectateur que nous sommes.
Ce qui est d'autant plus intéressant c'est de pouvoir découvrir le film sans en appréhender l'issue, et de se répéter sans cesse « ce n'est pas possible comment peut il filmer ça ». Et pourtant, Pascal Laugier le fait. Et il le fait, surprenant encore, intelligemment. C'est l'une des grandes forces de son film. Surprendre le spectateur dans un genre qui a été descendu ces dernières années avec des productions souvent inutilement conçues. "MARTYRS" est d'une monstruosité sans égale. Le film se permet d'effrayer le spectateur. De le faire taire, de l'éviscérer, de l'hanter au plus profond de ses entrailles bien après la projection. On en ressort secoué, totalement désorienté, sans pour autant savoir qui l'on est.
Le personnage de Lucie, incarnée par Mylène Jampanoï, est juste démentiel. Cette actrice parvient à donner à son personnage une grande crédibilité. A la fois tourmentée et touchante, Mylène captive nos regards pour ne jamais plus les lâcher. C'est une quête, un besoin vital pour elle que de nous montrer la folie et le barbarisme humain. C'est une survivante. Elle se confronte à une vérité bien plus horrifiante et cauchemardesque que ce qu'elle a vécue plus jeune. Ce besoin de vengeance qui l'attire à la lecture du journal où elle semble reconnaître un de ses tortionnaires. Elle est comme possédée, habitée, par une force extrême et une soif de paix intérieure. Cet état d'esprit nous rappelle le personnage de Jennifer Hills (Camille Keaton) dans "œIL POUR œIL" ("DAY OF WOMAN") de Meir Zarchi. Avec un personnage comme Lucie, le Rape and Revenge n'a jamais aussi bien porté ses termes. Mylène Jampanoï est traumatisante. Sur son corps, elle porte les stigmates de notre société. C'est juste perturbant. Morjana Alaoui quant à elle fait figure d'amie mère toujours prête à épauler sa camarade quand ça ne va pas. Son interprétation est remarquable. A la fois simple et généreuse, son personnage nous bouleverse et nous conforte. Morjana amène une telle puissance à son personnage provoquant le silence général lors de passages extrêmement pénibles. Le récit n'en est qu'enrichit. L'amitié des deux jeunes femmes est forte. Solide. Elles sont liées corps et âmes. Elles se complètent. Ensemble, elles surmontent leur mal-être. Il est intéressant de souligner à quel point les deux actrices semblent s'être mises en danger.
Benoît Lestang ("LA CITE DES ENFANTS PERDUS", "BABY BLOOD"), l'homme derrière vos prochaines nuits de cauchemars, s'est fait extrêmement plaisir en confectionnant des effets de maquillages gores très réussis et notamment une créature aussi effrayante que l'agonisante sœur Zelda de Denise Crosby dans "SIMETIERRE", l'adaptation de Mary Lambert.
Pour son deuxième film, Pascal Laugier fait preuve d'un indéniable savoir-faire, il filme au plus près des corps ses personnages jusqu'à l'étouffement. Cela déroute et en même temps bouleverse. La tension est omniprésente. Sombre et soigné, le travail est vraiment à la hauteur de ce qui nous est conté. Il y'a aucun laisser-aller bien au contraire tout est réfléchi. Toutefois, la faiblesse budgétaire se ressent lors d'une des séquences les plus pénibles du film. Déviant le « spectacle » si ce mot a vraiment sa place dans ce film vers le cinéma trash. Le film en est conforté dans son esprit de radicalité mais a tendance à trop désorienter le spectateur déjà très perturbé. Cette complexité porte défaut mais ne limite pas le film à exceller.
Dernier point sur la bande originale du film qui est juste à tomber. Confectionnée par les frères Cortès, déjà derrière l'excellente bof expérimentale d'"EDEN LOG". A la fois brute comme ses personnages et envoûtante, la musique accompagne avec justesse les images. C'est une très belle composition. Et c'est cette dernière qui mène les dernières minutes du film vers la haute marche du drame humain. Donnant au film une ambiance pesante chargée d'émotions. La musique hante nos esprits et par moment, elle arrive même à talonner l'excellent score du jeu vidéo SILENT HILL 2.
Le film nous invite à revoir nos classiques. Il s'impose désormais comme une référence absolue de l'horreur. "MARTYRS" impressionne. Son histoire est bouleversante. Sans nul doute, il est le film le plus traumatisant depuis ces 30 dernières années.
10/10
Citation : Autant le confier immédiatement : Martyrs est une de ces réussites ultimes et hallucinantes qui risque de vous clouer au pilori. Que vous ayez aimé ou non, la réaction devrait être la même : l'incapacité totale à vous en remettre ou même à disserter dessus avec des arguments constructifs. C'est ce que l'on appelle plus communément un choc qui rassemble tout ce que l'on pouvait attendre d'un film de genre français et qui affiche la même ambition dans le fond (scénario de malade qui part d'un point A pour une destination inconnue) et la forme (mise en scène viscérale, sensible aux affects de ses deux protagonistes traumatisées). Sans en avoir l'air, le résultat renvoie à une bonne époque où l'on pouvait aller au cinéma en étant sûr de voir quelque chose de nouveau et de ressortir de la salle sur les rotules. En jouant la carte de la différence, Martyrs ne répond pas à des mouvances actuelles ou prédéterminées. Mais il fonctionne à double tranchant: ce qu'il propose est si radical, audacieux et offensif que personne ne va être d'accord. Pour plusieurs raisons. Pour commencer, ce film s'adresse en priorité aux férus de cinéma radical qui supportent toutes les propositions extrêmes. En cela d'ailleurs, Martyrs va au-delà du simple film d'horreur efficace (ce qui en soi serait déjà estimable) pour le transcender et lui donner une noblesse rare. C'est moins un film d'horreur qu'un film sur l'horreur (celle, insoupçonnable, tapie dans notre quotidien familier ou encore celle liée à toutes les formes d'oppressions). Aveuglé par sa détermination, Pascal Laugier prend le risque de déconcerter - le mot est faible - tout ceux qui considèrent l'horreur comme un sous-genre ou alors se contentent des rideaux de fumée scandaleux.
A en juger les réactions lors des premières projections, le film choque autant par ce qu'il montre que par ce qu'il raconte. Sans doute parce qu'il renvoie aux limites émotionnelles d'un spectateur qui n'a plus l'habitude d'être bousculé. Idéologiquement, Martyrs serait, murmure-t-on, nauséabond. Au dernier festival de Cannes, où le film a été refusé de toutes les sections avant de se retrouver au Marché du film dans des salles bondées, certains ont cru judicieux de crier au «film facho» en singeant leurs ancêtres qui il y a trente ans taxaient du même anathème débile les oeuvres immenses d'un Pasolini sans en goûter la poésie immorale et la choquante beauté. La bonne nouvelle, c'est que Laugier ne fait pas de compromis pour s'octroyer une liberté dont se revendiquaient certaines oeuvres impures et mutantes des années 70-80 réalisées par Andrzej Zulawski. Martyrs peut être vu comme le descendant fragile de Possession qui en apparence ressemblait à un film d'horreur vaudevillesque (une femme trompe son mari avec un monstre) et en réalité redistribuait les cartes du vice et de la vertu, disséquait la paranoïa, flirtait avec la folie pure, auscultait la politique d'un pays fragile. Autant dire que ceux qui cherchent dans l'enfer (très) lugubre de Martyrs une once de morale réconfortante peuvent aller voir ailleurs. Vaste débat que celui de la posture morale au cinéma...
Dès les premières images de Martyrs, on est intrigués par la manière dont Laugier introduit son histoire. On voit, à travers des images d'archive, deux filles traumatisées dans un hôpital. L'une d'elles a été kidnappée quelques mois plus tôt. Depuis, elle est poursuivie par un monstre de la plus répugnante apparence. Quinze ans plus tard, nous sommes dans une famille tout sourire en pleine discussion devant un bon bol de Ricoré. A priori, pas grand-chose à voir avec le prologue. Une femme sonne à la porte et assassine sauvagement les membres de ladite famille. De ce basculement hystérique de l'ordinaire à l'extraordinaire, rien ne nous est épargné. Nous n'en sommes qu'aux dix premières minutes du film, et ce n'est que le début du cauchemar. Le tri entre les réceptifs et les réfractaires sera immédiatement fait. Pascal Laugier, que l'on ne savait pas aussi offensif, bousille une valeur de sitcom (la sacro-sainte cellule familiale) avant de faire évoluer son script toutes les quinze minutes de manière plus cohérente que gratuite. Petit à petit, par la grâce du montage, la structure du film s'éclaircit et l'histoire devient celle d'une ascension. Pour l'illustrer, le cinéaste couillu obéit à un mouvement permanent qui consiste à passer de la surface (clean) à la profondeur (effrayante). Comprendre qu'il montre ce qui se passe en surface (ce qu'un film d'horreur lambda se serait contenté de montrer avec si possible une utilisation consommée du hors champ pour ne pas brusquer les esprits trop fragiles) et en profondeur (le contre-champ ignoble qu'il ose filmer avec une crudité souvent insoutenable). Produire ainsi du mouvement contradictoire et paradoxal témoigne de l'intelligence et de la maîtrise de Laugier, engagé tout entier dans sa radicalité singulière mais aussi et surtout dans son désir de cinéma.
Une fois digéré les images auxquelles certains s'ingénient avec complaisance à accoler le qualificatif de "pornographiques", on s'interroge sur les raisons d'une telle débauche de violence. Et l'on comprend non pas un message (merci bien) mais bel et bien pourquoi le cinéaste impose cette violence graphique quitte à provoquer une répulsion immédiate et tomber dans la complaisance. Ce n'est qu'avec le recul que l'on peut alors apprécier le film à sa juste valeur et déterminer ses qualités intrinsèques. A savoir un film bicéphale, une hydre à deux têtes, parfaite jonction entre cinéma de genre et cinéma d'auteur qui peut s'affranchir - enfin - du risque d'être cantonné au rôle anecdotique de film provocant pour geeks impulsifs. La scène finale de Martyrs (que l'on ne voit pas venir) est suffisamment forte pour justifier l'impact de tout ce qui a précédé, essentiellement d'un point de vue émotionnel. En cédant au réflexe instinctif qui consiste à quitter la salle, le spectateur trop effrayé risque de manquer une pièce fondamentale au puzzle (la fin justifiant les moyens). Mais tout l'intérêt ne réside heureusement pas dans cette révélation inattendue.
Qu'on le prenne pour un pervers ou un manipulateur, Pascal Laugier possède une vraie intégrité. Manifestement, il n'a rien d'un faiseur opportuniste qui veut grossir les rangs des petits réalisateurs européens espérant faire un tour à Hollywood et se faire bouffer tout cru par un système vociférateur. Si le film a plus de chance de fonctionner à l'étranger qu'en France, il assure une telle intransigeance et un tel caractère que Laugier tient manifestement à son indépendance. En l'état, Martyrs est nettement plus abrasif que Saint-Ange, premier long métrage nostalgique dans lequel Virginie Ledoyen était paumée dans des limbes, quelque part entre Argento, Polanski et Loncraine. On se souvient de la dernière partie organique à la fois troublante et ratée, où le personnage principal de femme enceinte franchissait un miroir pour voir ce qui se passait de l'autre côté. Encore un moyen de voir ce qui se tramait derrière les apparences et de faire remonter les traumatismes à la surface. Elle se trouvait face à des orphelins fantomatiques et difformes avant d'accoucher dans des conditions opératiques. Martyrs reprend cette structure sans tomber dans la figure stylistique. La vraie différence avec Saint-Ange, c'est que le récit, ici, n'est pas encombré de références tutélaires pour s'acheter une crédibilité auprès des puristes. Si le précédent film ressemblait à un exercice de style toujours à deux doigts de s'abîmer dans le maniérisme, Martyrs permet à Laugier de gratter l'étiquette tenace de sous-Christophe Gans plus cinéphile que cinéaste. Ici, on a affaire à un vrai cinéaste, et ce même si les premières images peuvent évoquer le Brian de Palma de Sisters (voire même le Douglas Buck de Family Portraits). Ensuite, c'est totalement différent: le résultat acquiert fissa une identité mal identifiable et touche à quelque chose de pernicieux et de rare. De plus beau aussi; parce que c'est beau, un cinéaste qui se met en danger envers et contre tous. De là à ouvrir une brèche? Peut-être pas. De là à marquer les esprits? Assurément.
La différence foncière entre Martyrs et les récents A l'intérieur, Frontières, tentatives françaises de cinéma de genre (aussi respectables soient-elles) vient d'un VRAI scénario qui ne tombe pas dans les écueils coutumiers (le second degré, la citation parodique, la gratuité triviale, la dérision, l'humour pataud, défauts dont le genre souffre atrocement depuis quelques années maintenant). L'absence d'humour fonctionne de pair avec l'absence de jugement. Au même titre qu'on s'attache au sort incertain des deux filles, l'humanité du monstre, de celui que l'on ne distingue pas dans la vie de tous les jours mais qui est à l'origine de ce calvaire boucher, est également mise en avant. Les bourreaux, qui ne ressemblent pas à des boogeyman, sont même à l'origine des enjeux dramatiques du film : qui sont-ils ? Ont-ils un visage ? Comment fonctionnent-ils ? Appartiennent-ils au réel ou au fantasme? Rien qu'avec ça, on veut en connaître plus sur leurs motivations. Et c'est sans doute pour cette raison que Martyrs met si mal à l'aise: on ne sait pas où se trouve le point de vue du cinéaste sur ce qu'il filme, s'il cautionne ou s'il se contente de radiographier une réalité. Toujours, il effectue le bon choix: celui de nous laisser désarmé face à cette histoire et de ne pas plaquer de jugement. A tous les points de vue, Pascal Laugier a su instiller la tension idéalement monstrueuse pour astreindre et édifier ce bloc sacrément perturbant. A ceux qui le rejettent, rappelons que les films majeurs sont souvent ceux qui ne font pas l'unanimité. Martyrs, film terrible et définitif, en a la grandeur.
Romain Le Vern - 10 Un film hallucinant, toujours cohérent même dans la fureur, mature et unique, dont les images, puissantes, poursuivent longtemps après la projection. Kevin Dutot - 1 Un anesthésiant qui pourra uniquement satisfaire les amateurs de chair fraîche... Pour les autres c'est la débandade totale. Vincent Martini - 9 Sauvage, sublime, fragile, courageux, le film de Pascal Laugier parvient sans peine à se hisser au sommet des oeuvres françaises rares et marquantes qui n'en finissent pas de nous hanter.
Citation : C'est hallucinant et c'est, je pense, sincèrement, que c'est le meilleur film d'horreur jamais fait en france. C'est ultime, incroyablement et violent, mais surtout : Il y a un scénario ! Un scénario incroyable. Pour moi c'est le même choc que à l'époque quant on voyait massacre à la tronçonneuse. C'est du cinéma d'horreur jusqu'au boutiste, c'est vraiment incroyable et je dois avouer avoir eu du mal à dormir cette nuit. Tout les fans de cinéma d'horreur qui attendait un tel film vont être ravi et vont être, peut-être, un peu choqué. Quelques personnes ont vraiment été choqué, beaucoup de monde qui adorent. Ceux qui sortaient du film étaient troublés car il faut un peu de temps pour digérer.
Citation : C'est pour moi un des meilleurs films d'horreur pour les fans du genre.
Citation : Un film impressionnant qui au délà de sa provocation et de sa radicalité, a vraiment un discours sur la violence qui fait que l'on échappe totalement à l'exercice de style gratuit. Je trouve qu'il s'agit plus d'un film d'auteur que de genre. C'est remarquablement interprété. Et c'est donc un film vraiment incroyable, ce qui est étonnant de la part du réalisateur de saint ange. Martyrs est l'idéal de ce que l'on pouvait attendre du cinéma français.
Au delà du fantastique. Au delà de l'horreur. Au delà de l'indicible. Voir Martyrs et mourir.
Le plus grand film d'horreur français depuis un demi-siècle existe. Je l'ai vu. Il s'appelle Martyrs. Un film qui dépasse l'entendement, et toute forme de critique traditionnelle. Chroniquer Martyrs selon les règles de la presse cinéma serait une chose vaine. A quoi bon raconter l'histoire du film ? Martyrs s'apparente à ces experiences ultimes de l'existence, qui sont difficilement retranscriptibles. On ne raconte pas un accident dont on a miraculeusement échappé indemne, ou sa plus folle nuit d'amour. On les vit.
Oubliez le (minuscule) budget du film. Oubliez l'histoire. Oubliez Saint-Ange, le premier film décrié (et pourtant aux qualités indéniables) de Pascal Laugier. Oubliez la promotion (ou plutôt la criminelle absence de promotion). Oubliez les Saw, Hostel, Frontière(s), Irréversible, ou tout autre film "extrème" auquel celui-ci pourrait être comparé. La portée de Martyrs va bien au delà de la triviale production d'horreur / fantastique des cinq dernières années. Martyrs pulvérise la distance entre film et spectateur, le propulse dans un voyage au bout de l'enfer et de lui-même. Quelque chose d'inégalé, d'inespéré.
Martyrs fait partie de cette catégorie de films trop rare au cinéma. Celle qui donne au spectateur des moments qu'il va chérir (ou haïr) jusqu'à la fin de ses jours. Souvenez-vous, Ben qui après avoir lutté toute la nuit, se fait flinguer par un chasseur idiot dans La Nuit des Morts-Vivants. Le final de 2001 Odyssée de l'Espace. L'épilogue des Frissons de L'Angoisse. Le premier meurtre de Suspiria... C'est cette essence, cette distillation de l'horreur, cette habileté a basculer dans l'indicible, ce savoir-faire oublié, que Martyrs réussi (enfin !) à retrouver.
Difficile donc d'en dire plus sans compromettre aux futurs spectateurs l'expérience Martyrs. Contentons nous de noter que ce film possède l'une des plus belles déclaration d'amour que l'on ait pu voir depuis la naissance du cinéma (superbement jouée par deux femmes, Morjane Aloui et Mylène Jampanoi). Que la construction déroutante du film, jouant sur la connaissance des genres du spectateur, est très habile, et abouti à une désorientation sensorielle similaire à celle que va expérimenter le personnage principal, garantissant ainsi une identification totale. Et enfin qu'une séquence ultra-violente de 20mn sans dialogue, juste avant le dernier acte du film, va choquer, non pas pour son graphisme, (qui ne descend jamais dans l'exploitation gratuite, quoi qu'essayeront de vous en convaincre les détracteurs), mais pour le traumatisme psychologique qu'elle fait subir à l'actrice principale, et par identification au spectateur.
Martyrs, c'est sûr, va diviser. Il n'y a pas trois manières d'appréhender la puissance du film. Adhésion, ou rejet total vont être à l'ordre du jour. C'est qu'à l'heure ou la France vit le triomphe de la comédie régressive, préférant faire l'autruche devant la crise de société, la dépression économique et la perversion des valeurs, Martyrs fait figure d'œuvre salutaire et transgressive. A la fois un acte de résistance, et de sanité.
Certes, l'incompréhension va être de mise pour une partie du public. On entend déjà, dans les coursives du marché du film, se murmurer des accusations (injustifiées) de misogynie, voir de fascisme. Mais au delà de la controverse qu'il va provoquer, une seule chose doit compter : tout amoureux du cinéma qui se respecte, ne peut pas mourir sans avoir vu cette œuvre démentielle qu'est Martyrs.
Le cinéma d'horreur actuel n'a plus d'âme. Il s'enlise d'année en année vers autre chose que de l'horreur. Le terme à tendance à être employé n'importe comment dans le seul intérêt de remplir les poches des producteurs. Le contenu n'a d'égal que le néant ou d'idées « déjà vues ». Il est donc difficile aujourd'hui de dire qu'un film d'horreur impressionne. Rares sont tout du moins les bonnes occasions. Et quand ces dernières se présentent, on les ampute, on les revisite aux États Unis, ou on les censure. Cette notion de censure à une importance prépondérante dans notre société. Souvent décrit comme le mal, le film d'horreur connaît encore dans notre pays, la France, une répulsion.
Il est intéressant de notifier que malgré tout une vague de productions horrifiques issue de la francophonie s'expérimente et tente d'atomiser l'impasse dans laquelle depuis presque 30 ans le cinéma de genre s'est endormit. Employer le cinéma d'horreur contre notre réalité sociale et le monde en général. Prêcher l'état de la société au travers du mal-être ambiant. Le second film de Pascal Laugier, "MARTYRS", n'est pas moins qu'une excellente réflexion sur l'avenir du cinéma de genre global et se permet même de targuer la conscience morale face à la violence.
Choquant et bouleversant, "MARTYRS" fait ressentir toutes les émotions de l'homme au travers de son histoire. Un conte noir extrêmement pessimiste vécu comme un appel à l'aide. Un cri de guerre contre la société actuelle. Un hypercut qui nous foudroie à l'issue. On en sort limite lapidé tant la monstruosité du récit est forte en dommages. Mais comment peut-on arriver à ça ? On ne pourra pas dire qu'en tant que fans de genre, nous attendions de connaître un jour un renouveau en matière de film d'horreur. À chaque fois, on s'éprend, et très souvent le résultat attendu n'est jamais à la hauteur de nos simples espérances.
Le voilà le renouveau. Incarné en "MARTYRS" et il surprend. Rare la cruauté n'aura été ainsi contée. Pascal Laugier s'est incroyablement lâché. Ce cinéaste n'est autre qu'un grand barjot doué. Loin est l'époque de la "SAINT ANGE". Le diabolique "MARTYRS" nous pétrifie. Crampés au fauteuil, nous sommes tous passéistes face à l'horrifiante fiction transgressive qui nous gobe en moins d'un petit quart d'heure, le temps de présenter ses deux personnages.
Lucie est une petite fille qui vient d'être hospitalisée dans un service pédiatrique, elle a été séquestrée et battue par des hommes, la police tente d'ailleurs de les retrouver mais toutes les pistes les mènent vers des culs de sac. Lucie est une petite traumatisée, elle est agressive et sauvage. A son arrivée à la clinique, elle rencontre une fillette prénommée Anna, victime d'abus sexuels par ses proches. Très vite, elles deviennent inséparables. Les années passent, une famille déjeune dans leur maison isolée en pleine forêt. Une jeune femme frappe à la porte. C'est Lucie. Le père de famille ouvre. La jeune femme lève la tête et lui dit « vous vous rappelez de la petite fille que j'étais ? », armée d'un fusil, elle shoote l'homme qui s'écroule au sol avant de refermer la porte et de descendre la mère et leurs deux enfants. Quelques minutes plus tard, Lucie, au milieu de ce bain de sang, téléphone à son amie Anna. Cette dernière lui ordonne de rester là et de ne plus rien faire. En panique, Lucie raccroche avant même d'entendre les derniers mots d'Anna. La jeune femme est en effet de plus en plus paniquée. Elle l'entend à nouveau. Elle entend derrière son épaule cette terrifiante respiration qui hantait ses nuits dans le noir gamine...
Perturbant. Lorsque le murmure se fait ressentir pour la seconde fois nous sommes nous aussi pris au piège de ce terrifiant cauchemar. Tout est alors inattendu. Inutile pour vous autres de n'essayer rien qu'un peu d'imaginer la démence contée. Pascal Laugier nous assomme au moins 3 fois au cours du film. "MARTYRS" bascule de genre en genre, le spectateur est ainsi désorienté, laissé seul sur ses rotules tant ce qui lui est présenté est tellement proche de sa réalité et en même temps inexplicable. Chaque coup est brutal. Chaque retournement est renversant. La violence dans "MARTYRS" est inouïe mais jamais gratuite. Une violence qui n'est pas pour autant exagérée ou explicite. Pascal Laugier a su doser les frayeurs et les effets chocs pour ne jamais plomber son film. "MARTYRS" est un film jusqu'auboutiste. Un film d'horreur totalement assumé et malsain. De l'horreur humaine à la boucherie sans vergogne, de la folie tragique au fantastique, de l'épouvante au drame social, "MARTYRS" foudroie de terreur le simple spectateur que nous sommes.
Ce qui est d'autant plus intéressant c'est de pouvoir découvrir le film sans en appréhender l'issue, et de se répéter sans cesse « ce n'est pas possible comment peut il filmer ça ». Et pourtant, Pascal Laugier le fait. Et il le fait, surprenant encore, intelligemment. C'est l'une des grandes forces de son film. Surprendre le spectateur dans un genre qui a été descendu ces dernières années avec des productions souvent inutilement conçues. "MARTYRS" est d'une monstruosité sans égale. Le film se permet d'effrayer le spectateur. De le faire taire, de l'éviscérer, de l'hanter au plus profond de ses entrailles bien après la projection. On en ressort secoué, totalement désorienté, sans pour autant savoir qui l'on est.
Le personnage de Lucie, incarnée par Mylène Jampanoï, est juste démentiel. Cette actrice parvient à donner à son personnage une grande crédibilité. A la fois tourmentée et touchante, Mylène captive nos regards pour ne jamais plus les lâcher. C'est une quête, un besoin vital pour elle que de nous montrer la folie et le barbarisme humain. C'est une survivante. Elle se confronte à une vérité bien plus horrifiante et cauchemardesque que ce qu'elle a vécue plus jeune. Ce besoin de vengeance qui l'attire à la lecture du journal où elle semble reconnaître un de ses tortionnaires. Elle est comme possédée, habitée, par une force extrême et une soif de paix intérieure. Cet état d'esprit nous rappelle le personnage de Jennifer Hills (Camille Keaton) dans "œIL POUR œIL" ("DAY OF WOMAN") de Meir Zarchi. Avec un personnage comme Lucie, le Rape and Revenge n'a jamais aussi bien porté ses termes. Mylène Jampanoï est traumatisante. Sur son corps, elle porte les stigmates de notre société. C'est juste perturbant. Morjana Alaoui quant à elle fait figure d'amie mère toujours prête à épauler sa camarade quand ça ne va pas. Son interprétation est remarquable. A la fois simple et généreuse, son personnage nous bouleverse et nous conforte. Morjana amène une telle puissance à son personnage provoquant le silence général lors de passages extrêmement pénibles. Le récit n'en est qu'enrichit. L'amitié des deux jeunes femmes est forte. Solide. Elles sont liées corps et âmes. Elles se complètent. Ensemble, elles surmontent leur mal-être. Il est intéressant de souligner à quel point les deux actrices semblent s'être mises en danger.
Benoît Lestang ("LA CITE DES ENFANTS PERDUS", "BABY BLOOD"), l'homme derrière vos prochaines nuits de cauchemars, s'est fait extrêmement plaisir en confectionnant des effets de maquillages gores très réussis et notamment une créature aussi effrayante que l'agonisante sœur Zelda de Denise Crosby dans "SIMETIERRE", l'adaptation de Mary Lambert.
Pour son deuxième film, Pascal Laugier fait preuve d'un indéniable savoir-faire, il filme au plus près des corps ses personnages jusqu'à l'étouffement. Cela déroute et en même temps bouleverse. La tension est omniprésente. Sombre et soigné, le travail est vraiment à la hauteur de ce qui nous est conté. Il y'a aucun laisser-aller bien au contraire tout est réfléchi. Toutefois, la faiblesse budgétaire se ressent lors d'une des séquences les plus pénibles du film. Déviant le « spectacle » si ce mot a vraiment sa place dans ce film vers le cinéma trash. Le film en est conforté dans son esprit de radicalité mais a tendance à trop désorienter le spectateur déjà très perturbé. Cette complexité porte défaut mais ne limite pas le film à exceller.
Dernier point sur la bande originale du film qui est juste à tomber. Confectionnée par les frères Cortès, déjà derrière l'excellente bof expérimentale d'"EDEN LOG". A la fois brute comme ses personnages et envoûtante, la musique accompagne avec justesse les images. C'est une très belle composition. Et c'est cette dernière qui mène les dernières minutes du film vers la haute marche du drame humain. Donnant au film une ambiance pesante chargée d'émotions. La musique hante nos esprits et par moment, elle arrive même à talonner l'excellent score du jeu vidéo SILENT HILL 2.
Le film nous invite à revoir nos classiques. Il s'impose désormais comme une référence absolue de l'horreur. "MARTYRS" impressionne. Son histoire est bouleversante. Sans nul doute, il est le film le plus traumatisant depuis ces 30 dernières années.
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